“Panser les plaies” des zones humides du Lac d’Anterne
En fin de semaine dernière, en appui à la Réserve Naturelle de Sixt-Fer-à-Cheval / Passy, l’équipe du service “sentiers” de la Communauté de Communes a réalisé des travaux de mise en défens des zones humides du Lac d’Anterne à Passy, des milieux naturels sensibles fragilisés par le piétinement des randonneurs – nombreux en période estivale…

Piétiné, contourné, érodé… Le tracé initial (GR5) – qui borde le lac à proximité des zones humides – commençait à disparaître “sous les autres sentes anarchiques créées par les randonneurs au milieu de la végétation. C’est malheureusement naturel. Quand le sentier de base est abîmé, quand on a un trou devant soi, on cherche un passage à gauche ou à droite”, explique Aurélien Mahaut, responsable du service “sentiers”.
Accessible depuis le Lignon à Sixt-Fer-à-Cheval ou depuis Plaine-Joux à Passy, situé sur le Tour des Fiz – et réputé pour son cadre grandiose avec une vue directe sur la chaine des Fiz, le site du Lac d’Anterne est un grand classique très prisé des randonneurs, “ce qui entraine un flux important de passage à pied, mais aussi à VTT”, indique Christelle Bakhache, chargée de mission sports de nature au Conservatoire d’Espaces Naturels de Haute-Savoie (CEN74 / Asters). “On constate aussi une forte présence des amateurs de bivouac, pratique tolérée de 19h à 9h dans la réserve naturelle, avec une centaine de tentes certain soir autour du lac”.
Depuis le refuge d’Anterne, “on s’aperçoit que les randonneurs ont tendance à aller au plus court en traversant les zones humides pour rejoindre le lac, alors que le sentier initial les contourne”. C’est moins le cas depuis le Col d’Anterne, “puisque le tracé permet d’accéder directement au lac”. Ici ou ailleurs, la hausse de la fréquentation en montagne “a particulièrement touché les lacs d’altitude qui représentent des points d’eau où les températures demeurent clémentes en période de canicule. Aujourd’hui, nous avons des gens qui montent spécialement pour se baigner”.

Contraindre sans interdire
En l’état, “il ne s’agit pas de limiter les activités de plein nature, mais de les accompagner pour en limiter l’impact sur les milieux naturels et les espèces”, précise Christelle Bakhache. Par ailleurs, pour éviter d’accumuler les protections “en posant des éléments mobiliers souvent en contradiction avec la nature des lieux, nous souhaitions proposer un aménagement léger et facile d’entretien”, note Aurélien Mahaut.
Concrètement, afin d’inciter les randonneurs à emprunter le sentier principal – in fine réduire ainsi la diffusion de la fréquentation dans les zones sensibles environnantes – les équipes de la Communauté de Communes et de la Réserve Naturelle “ont installé sur 250 mètres des petits poteaux en bois, à hauteur de genoux, reliés les uns aux autres par une fine cordelette”. Sur chaque poteau, il y a un message succinct qui incite les randonneurs à ne pas sortir du sentier. Dans les prochains jours, quelques panneaux de sensibilisation viendront compléter le dispositif, avec une cartographie des zones les plus fragiles autour du lac, autrement dit “celles qui ne doivent pas être piétinées, dégradées !”, ajoute Christelle Bakhache.
A noter que les matériaux “naturels non traités” et les outils ont été déposés dans la zone, à 2 000 mètres d’altitude, par hélicoptère, “en mutualisant la rotation d’hélicoptère avec le refuge et le berger, approvisionnés à cette date indépendamment du chantier”.

Le lac d’Anterne, un écosystème sensible !
Le lac d’Anterne est situé dans une cuvette d’origine glaciaire sur le massif du Haut-Giffre, aux confins des réserves naturelles de Passy et de Sixt-Fer-à-Cheval / Passy. Parmi les lacs suivis en Haute-Savoie dans le cadre du réseau Lacs sentinelles*, c’est le lac qui possède la plus grande surface (11.6 ha) et dont la profondeur maximale atteint 13.2 m.
Le lac d’Anterne est entouré de zones humides d’altitude précieuses pour la préservation de la ressource en eau et la biodiversité. Aussi, il est recommandé de rester sur les sentiers, de suivre le cheminement matérialisé et de bivouaquer en dehors des zones sensibles. En effet, le piétinement répété des sols modifie la circulation de l’eau et perturbe la faune locale, notamment les têtards, grenouilles, tritons et libellules.
Par ailleurs, les lacs de montagne sont des écosystèmes fragiles, il est donc préférable de ne pas s’y baigner. Les apports de matière organique ou chimique (crème solaire, bouées, etc.) peuvent profondément modifier leur fonctionnement.
* Ce réseau observatoire dans les Alpes collecte des données afin d’améliorer la connaissance des impacts provoqués par les changements globaux. Les chercheurs analysent par exemple : la température des lacs, la disponibilité des nutriments, les hauteurs et le volume d’eau, etc.