Un vaste chantier de confortement des berges à Morillon

Depuis la mi-septembre, des travaux de confortement des berges du Giffre le long de la station d’épuration à Morillon sont engagés par le Syndicat Mixte d’Aménagement de l’Arve et ses Affluents (SM3A), dans le cadre de la compétence Gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (GEMAPI).

Les crues exceptionnelles de l’automne 2023, puis du printemps 2024, ont mis en lumière la vulnérabilité croissante des infrastructures face aux phénomènes hydrologiques extrêmes. À Morillon, la station d’épuration (STEP) se trouve directement menacée par l’érosion d’une berge du Giffre, nécessitant une intervention rapide du SM3A pour protéger cet équipement.

Les berges du Giffre (en rive gauche) au droit de la station d’épuration à Morillon

Ces crues successives ont provoqué une progression importante d’une anse d’érosion, déjà amorcée quelques années plus tôt en face de la STEP. Entre 2020 et 2024, le front d’érosion a avancé de 135 mètres vers l’aval et de 100 mètres vers l’intérieur des terres. Cette dynamique s’est particulièrement accélérée en 2023, avec 80 mètres de progression en une seule année. Cette anse d’érosion a eu pour effet de renvoyer les écoulements du Giffre en direction de la STEP, et ainsi éroder sa berge et endommager les aménagements associés.

Les érosions côté STEP ont ainsi non seulement détruit l’ancienne protection en enrochement, mais également endommagé la conduite principale d’eaux usées alimentant la station d’épuration. Les bâtiments de la STEP, situés à proximité de la berge, se sont retrouvés directement exposés aux risques d’affouillement et d’érosion.

Station d’épuration à Morillon (photo prise en juillet 2024 par le SM3A, à la suite des travaux de confortement temporaire des berges)

Une solution technique adaptée au contexte torrentiel

« Sans intervention rapide, les prochaines crues pourraient compromettre définitivement le fonctionnement de la station d’épuration, avec des conséquences environnementales et sanitaires majeures pour notre territoire », indique Joël Vaudey, président du Syndicat Intercommunal des Montagnes du Giffre (SIMG), structure intercommunale qui gère actuellement la STEP. Face à cette urgence, le SM3A et les partenaires locaux ont élaboré un projet de confortement de la berge sur 220 mètres linéaires. La solution retenue combine ingénierie hydraulique et respect environnemental, avec une approche en techniques mixtes.

Le projet prévoit la mise en place d’enrochements libres sur la partie basse de la berge, dimensionnés pour résister aux contraintes hydrauliques exceptionnelles du Giffre. Ces enrochements seront surmontés de protections en génie végétal composées de trois niveaux de lits de saules d’essences locales. Des épis seront également construits pour éloigner le courant principal de la berge et réduire les risques d’affouillement. Ces ouvrages plongeants, conçus pour être hydrauliquement transparents, minimiseront l’impact sur l’écoulement naturel du cours d’eau.

Plan / Zone des travaux, fermetures temporaires et déviations

Un défi environnemental et technique

Le Giffre présente des caractéristiques particulièrement contraignantes : dernier cours d’eau à fonctionnement en tresse des Alpes du Nord, il transporte annuellement entre 5 000 et 15 000 m³ de sédiments. Cette dynamique sédimentaire importante, combinée à une forte mobilité latérale, explique l’ampleur des phénomènes d’érosion observés. Le projet intègre des mesures environnementales strictes, notamment pour préserver la biodiversité locale. Bien que le secteur d’intervention présente un intérêt écologique limité, les travaux respecteront les périodes de reproduction de la faune et utiliseront exclusivement des végétaux locaux pour la re-végétalisation.

Au total, le chantier devrait durer trois mois, avec une réception des travaux prévue en décembre. Le coût global de l’opération est estimé à 550 000 euros HT, avec une participation financière de l’Etat via le Programme d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI) à hauteur de 40%, soit 220 000 euros. Les 60% restants (330 000 euros) sont pris en charge par le produit de la taxe GEMAPI celle-ci est prélevée chaque année par les intercommunalités via l’impôt foncier pour les propriétés bâties et non bâties, la taxe d’habitation sur les résidences secondaires et sur la cotisation foncière des entreprises, puis reversée au SM3A qui exerce la compétence GEMAPI (par délégation) à l’échelle des 13 intercommunalités situées sur le bassin versant de l’Arve.

Des projets “mieux intégrés” aux réalités environnementales

Cette opération illustre parfaitement les défis auxquels font face les collectivités alpines face au changement climatique et à l’intensification des phénomènes hydrométéorologiques. Elle démontre également la nécessité d’adapter nos infrastructures à ces nouvelles réalités, en combinant solutions techniques robustes et approches respectueuses de l’environnement – soit une conception des projets mieux intégrée aux réalités environnementales et aux risques naturels.

Enfin, il est utile de rappeler que les interventions de ce type – pour limiter le phénomène d’érosion des berges – ne sont pas automatiques. L’érosion est un phénomène naturel qui fait partie intégrante de la vie du cours d’eau, et qui est utile à la vie dans le cours d’eau. Ce type d’intervention concerne des secteurs où la sécurité des personnes et des biens est en jeu. C’est notamment le cas ici, avec la station d’épuration ou les chemins le long du Giffre qui sont très fréquentés par les promeneurs.

Des déviations pour permettre la continuité des itinéraires

En amont des travaux, les agents du service de “gestion des sentiers” de la Communauté de Communes sont intervenus pour installer des déviations sur les chemins environnants (voir plan ci-dessus), et ainsi permettre la continuité des itinéraires le long du Giffre ou à proximité immédiate. La Communauté de Communes vous remercie de bien vouloir respecter la signalétique mise en place sur le terrain, pour votre sécurité et celle de vos proches.

+ d’infos

SM3A
Franck BAZ, chef de projet
fbaz@sm3a.com
06 80 99 07 42

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Communauté de Communes
des Montagnes du Giffre
04 50 47 62 00

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Service Environnement
Pauline Leterte
p.leterte@montagnesdugiffre.fr

Service Sentiers
Aurélien Mahaut
a.mahaut@montagnesdugiffre.fr